Le bon et le moins bon de mes chroniques en retard de 2023
Il y a eu du laisser aller par ici. Des livres lus et non lus s’accumulent en petites piles dans mon salon, ma chambre, sur la table où je mange. Aux piles à lires se sont ajoutées (avec le blog, le compte instagram et la préparation d’ateliers en bibliothérapie) les piles : à photographier pour instagram, à chroniquer, à relire, à répertorier pour de futurs ateliers… Je ne m’en sors plus et surtout, si je persiste à vouloir les chroniquer un par un, je procrastine… Or, il est grand temps que je puisse ranger (ou donner dans une boite à livre pour les moins appréciés) toute une série de livres. Je vous reviens donc avec des avis plus brefs sur des lectures de ces 6 derniers mois. Je leur ai attribué une note étoilée, à la façon des magazines de critiques littéraires et cinématographiques. Ca part un peu dans tous les sens niveau style et thématiques…
William Boyd – Orages ordinaires ****
J’ai été tenue en haleine par l’histoire de ce jeune universitaire contraint de tout abandonner pour se fondre dans la marginalité londonienne parce qu’il est le témoin gênant d’un meurtre orchestré par des forces qui le dépassent complètement. Une cavale au sein d’une grande ville, une plongée dans les bas-fonds et la pauvreté londonienne, des rebondissements, du suspense et des personnages tour à tour attachants, pathériques et flippants. Sur la couverture de mon livre, la critique de Lire déclare « William Boyd au sommet de son art » et je suis prête à le croire. Amateur.ices de romans noirs n’hésitez pas.
Sally Rooney – Où es-tu monde admirable ? ****
La jeunesse réaliste, fougueuse et désenchantée croquée par Sally Rooney est irrésistible. Je n’ai toujours pas lu « normal people », mais je suis d’ores et déjà fan de sa plume. J’avais été séduite par « conversations entre amis » et je suis conquise par la recherche de ce monde admirable. Petit bémol seulement car les atermoiements d’un personnage m’ont quelque peu agacée, mais c’est parfois l’effet d’une très bonne littérature aussi…
New York Odyssée Kristopher Jansma ****
Je ne connaissais pas du tout cet auteur. La couverture des éditions de la rue fromentin m’a subjuguée et je l’ai ajouté à un lot vinted. Ce roman raconte un drame vécu par un groupe d’amis lorsque l’une d’eux tombe gravement malade. Il sonde profondément l’âme de ses personnages qui affrontent les étapes de la maladie et du deuil chacun avec ses mécanismes de défense, ses ressources et ses démons. C’est un roman dur, mais l’écriture de Jansma est fantastique et ses personnages sont incroyables. Je recommande mille fois…
« L’art te fait ressentir des choses que personne ne t’a jamais appris à ressentir, parce que tu ressens ce qu’un inconnu à ressenti quand il, ou mieux elle, l’a créé. Tu le vis par procuration. Il te fait aimer de l’intérieur du corps d’un autre et haïr avec le fiel des tripes d’un autre. Il est la seule chose sur cette planète qui puisse nous faire quitter la petitesse pathétique de notre état de poussière et non seulement nous projeter, mais nous faire devenir quelqu’un d’autre. Il faut qu’il soit métaphorique, sinon il n’est qu’un putain d’écran de télé. »
Mon automne cosy – Caroline Millet – carofromwoodland ****
Cela fait longtemps que je rêvais de m’offrir un produit de la créatrice et aquarelliste auto didacte et auto éditée Caroline Millet et je n’ai pas été déçue. J’ai adoré me plonger dans son livre et l’intégrer à ma déco automnale. Je vous invite chaleureusement à découvrir son univers sur youtube et instagram si vous aimez la déco saisonnière, le slow living et les ambiances cosy !
La femme seule – Eloïse Steyaert ***
Qu’il est spécial de lire le livre d’une personne que l’on connait et quel plaisir de le trouver très bon. Un roman écrit d’une plume sensuelle, audacieuse et sans tabous, d’une poésie qui fait qu’on doit parfois prendre une pause dans la lecture. J’ai beaucoup aimé le roman d’Eloïse, je pense que je l’aurais encore plus apprécié si j’avais été maman, car le thème principal ne m’a pas touchée personnellement, mais rassurez-vous si vous êtes dans mon cas, car c’est bien plus qu’un livre sur la maternité.
Maggie O’Farrell – Hamnet ***
J’en ai fait la chronique sur le compte instagram déjà. J’ai été très touchée par cette fiction basée sur des faits réels et des personnages historiques, à savoir William Shakespeare, cet enfant Hamnet parti trop tôt et surtout sa femme, Agnès. Le portrait d’une femme incomprise car revendiquant sa liberté de penser, sa connexion avec la nature et sa singularité. Une mère aimante, une fille blessée et une généreuse guérisseuse. A découvrir…
Balzac et la petite tailleuse chinoise – Dai Sijie ***
Un roman court écrit par un auteur chinois exilé en France. Il m’a fait découvrir un pan de l’histoire de la Chine, celui qui envoyait les garçons éduqués des villes en « rééducation » dans les montagnes peuplées de paysans. Arrachés à leur vie et leur famille, on suit le quotidien de deux adolescents contrains de vivre à la dure et de se voir inculquer les bonnes valeurs communistes, une tête bien docile était avant tout une tête pas trop pleine de pensées autonomes. Mais que se passe-t-il le jour où ils rencontrent une petite tailleuse et où ils parviennent à se procurer des livres, dont une édition d’ « Ursule Mirouet » de Balzac. Le reste est à découvrir…
« Imaginez un jeune puceau de 19 ans, qui somnolait encore dans les limbes de l’adolescence, et n’avait jamais connu que les bla-bla révolutionnaires sur le patriotisme, le communisme, l’idéologie et la propagande. Brusquement, comme un intrus, ce petit livre me parlait de l’éveil du désir, des élans, des pulsions, de l’amour, de toutes ces choses sur lesquelles le monde était, pour moi, jusqu’alors demeuré muet. »
Jean Ray Malpertuis **
Quand j’ai trouvé dans la bibliothèque de mon amoureux ce classique de la littérature belge et fantastique, je me suis dit qu’il était temps de le découvrir. J’ai été tenue un peu à distance par l’étrangeté de l’œuvre et certains mécanismes narratifs qui demandent vraiment de s’accrocher, mais je dois reconnaitre que je n’avais jamais rien lu de si surprenant. Plus qu’effrayant, ce livre est absolument décontenançant pour quelqu’un qui n’a jamais été spoilé. Quelle imagination et quelle atmosphère étouffante installée par l’auteur.
La ballade de Cass Wheeler – Lisa Barnett **
La ballade de Cass Wheeler, c’est l’histoire de sa vie. Habitée par la musique, hantée par l’abandon de sa mère et jalonnée de relations toxiques dont elle peine à se défaire. Ce sont aussi des moments planants et intense lorsqu’il est question de création. Malheureusement, pour moi, ce livre, quoique bien écrit et intelligent, se traine un peu en longueur.
Le peigne de Cléopâtre – Maria Ernestam + patte de velours, œil de lynx **
Maria Ernestam a le don de transformer des situations en apparence tranquilles en des thrillers psychologiques assez malaisants. C’est encore le cas ici, on chemine avec une sensation « what the fuck ? » à partir d’un tiers du bouquin. Cependant, la meilleure œuvre de cette autrice est, à mon sens, la première que j’ai eu l’occasion de lire « Les oreilles de Buster », mais peut-être parce que je ne la connaissant pas encore. On est forcément moins surpris lorsqu’on connait son style. Qui vaut vraiment la peine d’être découvert…
Le magasin des suicides – Jean Teulé *
Une étoile pour ce conte certes original et poétique, mais qui manque de cohérence et dont je n’ai pas aimé la fin. Mais je salue l’exercice et je sais que d’autres publics ont aimé.
Une joie féroce – Sorj Chalandon *
Ici aussi, j’ai été déçue. L’histoire de femmes cancéreuses qui se serrent les coudes et qui reprennent le contrôle de leur vie à défaut de contrôler la maladie était séduisante. Et j’ai aimé certains passages bien écrits et poussant à la réflexion. Cependant, j’ai été trop dérangée par la caricature de mari qu’on attribue à l’héroïne et par le virage trop rocambolesque pour moi pris par l’auteur.
Cottage, fantômes et guet apens. Ann Granger
Un cosy mystery très dispensable pour moi. Alors que je suis fan des séries anglaises du genre et que tout est a priori là pour me séduire, je constate que j’ai du mal avec la pauvreté de l’écriture et du scénario dont font preuves plusieurs auteur.ice.s que j’ai lu.e.s Je pense que si je dois en relire, je me tournerai vers la série de Julia Chapman, la seule qui m’ait vraiment accrochée et où tout ne ressemblait pas à un film de Noël avec un meurtre au milieu.
Et vous, avez-vous lu certains de ces livres ? Je me rends compte que j’ai beaucoup lu en 2023 et cela m’enchante car une de mes résolutions était d’accorder plus de temps aux livres et moins aux écrans. C’est une réussite. Et j’en ai encore sous le coude ! du 4* même, voire du 5 !!!